Le surpâturage, un problème courant qui dégrade les sols et nuit à la santé des chevaux, affecte une part importante des terres agricoles. L’aménagement de prés cheval en rotation saisonnière offre une solution reconnue pour inverser ces tendances négatives et optimiser la gestion de vos surfaces herbagères. Cette approche s’inscrit dans une perspective de gestion durable, visant à maximiser le bien-être des chevaux, à améliorer la valeur nutritive du fourrage et à assurer la longévité de la pâture.

La technique repose sur la division d’un terrain en plusieurs parcelles (paddocks), suivie d’un déplacement des chevaux d’une zone à l’autre selon un plan préétabli. Le pâturage continu favorise le surpâturage, la prolifération parasitaire, l’invasion de plantes indésirables et le tassement du sol, parmi d’autres difficultés. La rotation, elle, contribue à limiter ces problèmes en permettant aux végétaux de se refaire une santé et en interrompant le cycle de vie des parasites.

L’aménagement de prés cheval en rotation saisonnière, lorsqu’il est bien pensé et appliqué, constitue une stratégie avantageuse tant pour le bien-être des équidés et la qualité de l’herbe que pour la pérennité de l’environnement.

Les atouts du pâturage tournant pour chevaux

Le pâturage tournant, ou rotation saisonnière des prés, présente un large éventail d’avantages, que ce soit pour le bien-être des chevaux, la qualité des surfaces enherbées ou la protection de l’environnement. Comprendre ces bénéfices permet aux propriétaires d’équidés de faire des choix éclairés pour une exploitation plus pérenne et rentable de leurs terres.

Pâturage rotatif pour chevaux

Santé équine améliorée

  • **Diminution des infestations parasitaires :** La rotation des prés perturbe le cycle biologique des parasites digestifs, réduisant le besoin d’utiliser des vermifuges. Les larves se concentrent là où les chevaux défèquent. Le repos des paddocks permet leur disparition, réduisant l’infestation.
  • **Fourrage de qualité supérieure :** L’herbe qui repousse après un temps de repos est plus nutritive et savoureuse pour les chevaux. Elle offre une meilleure concentration en protéines, vitamines et minéraux essentiels.
  • **Réduction des risques de fourbure :** Une bonne gestion de la pâture, notamment la rotation, permet de maîtriser la teneur en sucres et fructanes de l’herbe. Ces composés peuvent être problématiques pour les chevaux sensibles à la fourbure, une maladie affectant les pieds. La rotation évite le surpâturage des zones à risque.
  • **Moins de piétinement et de blessures :** La rotation limite le piétinement excessif, réduisant le risque de blessures aux pieds et aux membres des chevaux.

Surfaces herbagères en meilleure santé

  • **Régénération de l’herbe :** La rotation donne aux plantes le temps de se refaire et de reconstituer leurs réserves. Cela encourage une repousse dynamique et un système racinaire renforcé, rendant les plantes plus résistantes au manque d’eau et au piétinement.
  • **Lutte contre les plantes indésirables :** Une rotation bien conduite favorise la croissance des graminées et légumineuses utiles, qui concurrencent les mauvaises herbes. En laissant l’herbe atteindre une certaine hauteur, on prive les plantes indésirables de lumière, inhibant ainsi leur développement.
  • **Structure du sol bonifiée :** La rotation limite le compactage du sol dû au piétinement. Un sol moins tassé permet une meilleure infiltration de l’eau et une meilleure aération, soutenant la croissance végétale et limitant l’érosion.
  • **Biodiversité accrue :** Une gestion appropriée encourage la diversité des espèces végétales et animales sur la pâture. Un écosystème diversifié est plus résistant aux perturbations et aux maladies.

Avantages économiques et environnementaux non négligeables

  • **Baisse des dépenses en alimentation :** En améliorant la qualité et la quantité de fourrage produit sur place, la rotation réduit la dépendance au foin ou autres compléments achetés.
  • **Atténuation de l’érosion et du ruissellement :** Une couverture végétale dense protège le sol contre l’érosion causée par le vent et la pluie. La rotation limite le ruissellement, préservant la qualité de l’eau.
  • **Séquestration du carbone :** Les pâturages bien gérés stockent le carbone dans le sol, participant à la lutte contre le changement climatique.
  • **Image de marque valorisée :** Une approche respectueuse de l’environnement renforce l’image de l’éleveur et peut faciliter l’accès à des aides.

Facteurs clés pour une planification réussie de la rotation

Une planification rigoureuse est la base d’une rotation saisonnière réussie. Plusieurs aspects doivent être pris en considération afin d’optimiser l’efficacité de cette méthode, notamment l’évaluation des ressources disponibles, les besoins spécifiques des chevaux, la conception des parcelles et le choix du type de rotation approprié.

Inventaire des ressources disponibles

  • **Analyse du sol :** La nature du sol, son pH et sa fertilité sont des informations essentielles pour choisir les espèces végétales adaptées et déterminer les amendements nécessaires. Un sol trop acide ou trop alcalin peut bloquer l’assimilation des nutriments par les plantes. Pour corriger un sol trop acide, un amendement à la chaux est souvent recommandé.
  • **Identification des espèces :** Recensez les espèces d’herbes et de légumineuses présentes pour déterminer celles à favoriser et celles à maîtriser. Certaines, comme le ray-grass anglais, sont productives et résistantes, alors que d’autres, comme le rumex, sont moins appétentes ou potentiellement toxiques.
  • **Accès à l’eau :** Chaque parcelle doit disposer d’un accès aisé à de l’eau propre, indispensable au bien-être des chevaux. La consommation d’eau peut atteindre 50 litres par jour pour un cheval adulte.
  • **Relief du terrain :** Le relief peut influer sur la gestion du pâturage. Les pentes peuvent être sujettes à l’érosion, les zones humides, favorables aux parasites, et les zones ombragées, un refuge appréciable pour les chevaux.

Besoins spécifiques des chevaux

  • **Calcul du taux de charge :** Évaluez le nombre de chevaux par hectare afin d’éviter le surpâturage, qui dégrade rapidement la pâture, ou le sous-pâturage, qui gaspille les ressources. Un taux de charge habituel pour une bonne pâture se situe entre 1 et 2 chevaux par hectare.
  • **Besoins nutritionnels :** Tenez compte de l’âge, de la gestation/lactation et du niveau d’activité pour adapter la gestion de la pâture. Les poulains ont besoin de plus de protéines et de minéraux que les chevaux adultes au repos.
  • **Constitution de groupes :** Organiser les chevaux en groupes homogènes (âge, taille, besoins) simplifie la gestion et limite la compétition pour les ressources. Séparer les poulains des adultes peut être une bonne solution.

Conception des parcelles

  • **Nombre de paddocks :** Déterminez le nombre idéal de parcelles selon la surface, le taux de charge et le temps de repos requis. Un minimum de trois paddocks est souhaitable, l’idéal étant quatre ou cinq. Un « paddock de sacrifice », dédié aux périodes de boue ou de repos hivernal, est un atout pour préserver les autres.
  • **Taille et forme des parcelles :** Optimisez la forme des paddocks pour faciliter la circulation des chevaux et la gestion de la pâture. Les formes rectangulaires sont souvent plus pratiques. La taille doit être adaptée au nombre de chevaux et à la quantité de fourrage disponible.
  • **Clôtures et portails :** Utilisez des matériaux durables et sécurisés, comme des clôtures électriques, des lices en bois ou des fils métalliques à haute résistance. Les portails doivent être suffisamment larges pour le matériel agricole.
  • **Chemins d’accès :** Aménagez des chemins stabilisés pour éviter la boue et l’érosion, reliant les parcelles à l’eau, aux abris et aux zones de stabulation. Le gravier ou le sable stabilisé sont des solutions appropriées.

Choix de la méthode de rotation

  • **Rotation simple :** Alternance entre deux paddocks, méthode simple mais peu flexible.
  • **Rotation en bandes :** Division du pâturage en bandes étroites et déplacement progressif des chevaux, pour une meilleure utilisation du fourrage.
  • **Rotation cellulaire (pâturage intensif rotatif) :** Utilisation de nombreuses petites parcelles et déplacements fréquents des chevaux, méthode exigeante mais offrant les meilleurs résultats.
  • **Adapter la méthode aux conditions et objectifs :** Le choix dépend de la surface, du nombre de chevaux, du type de sol, du climat et des buts de l’éleveur. L’expérimentation est essentielle.

Mise en œuvre et suivi du pâturage tournant

La mise en place d’une rotation saisonnière requiert une préparation rigoureuse du terrain et un suivi attentif tout au long de l’année. L’amendement du sol, le réensemencement, la lutte contre les herbes indésirables, le suivi de la pâture, la gestion de l’abreuvement et de l’ombrage, ainsi que la gestion des déjections sont des éléments clés.

Préparation du terrain

  • **Amendement du sol :** Appliquez les amendements nécessaires (chaux, compost, fumier, engrais organiques) selon les résultats de l’analyse de sol. Un pH optimal se situe entre 6 et 7 pour la plupart des graminées et légumineuses.
  • **Réensemencement :** Semez à nouveau les zones dégarnies avec des mélanges de graines adaptés aux chevaux, en privilégiant les espèces résistantes. Le réensemencement se fait au printemps ou à l’automne.
  • **Maîtrise des plantes indésirables :** Utilisez des méthodes mécaniques (fauchage, arrachage), biologiques (introduction d’insectes utiles) ou chimiques sélectives (herbicides) pour limiter leur propagation, en veillant à la sécurité des chevaux et de l’environnement.

Suivi de la pâture

  • **Observation régulière :** Surveillez la hauteur de l’herbe, les plantes indésirables, l’état des chevaux et les signes de surpâturage. Une observation attentive permet d’adapter la gestion.
  • **Outils de mesure :** Utilisez un bâton gradué ou une application mobile pour mesurer la hauteur de l’herbe et estimer la biomasse. La hauteur idéale se situe entre 7 et 10 cm.
  • **Ajustement de la rotation :** Adaptez le rythme de la rotation à la vitesse de pousse de l’herbe, aux besoins des chevaux et au climat. Déplacez les chevaux plus souvent en période de croissance rapide.

Abreuvement et ombrage

  • **Abreuvoirs propres et accessibles :** Assurez un accès constant à de l’eau propre, en nettoyant régulièrement les abreuvoirs et en vérifiant leur fonctionnement. Placez-les à l’abri du soleil et facilement accessibles.
  • **Offrez de l’ombre :** Plantez des arbres, installez des abris ou utilisez des filets d’ombrage pour protéger les chevaux de la chaleur et des UV. Les arbres protègent aussi du vent et améliorent la qualité du sol.

Gestion des déjections

  • **Ramassage régulier :** Ramassez les crottins pour limiter la prolifération parasitaire et la contamination du sol, manuellement ou avec du matériel adapté.
  • **Compostage :** Transformez les déjections en compost pour amender le sol. Le compostage réduit le volume des déchets, détruit les parasites et produit un engrais de qualité.
  • **Épandage raisonné :** Épandez le compost sur les pâturages en respectant les règles environnementales, à une dose adaptée pour éviter la pollution et la surcharge du sol.

Zoom sur des exploitations équines réussies

Plusieurs éleveurs ont adopté avec succès la rotation saisonnière des prés, constatant des améliorations notables en termes de santé animale, de qualité des pâturages et de rentabilité. Leurs expériences concrètes témoignent de la pertinence de cette approche.

Prenons l’exemple d’un éleveur en Normandie. Après avoir divisé son terrain en quatre parcelles et mis en place une rotation cellulaire, il a constaté une diminution significative de ses dépenses en vermifuges ainsi qu’une augmentation de sa production de fourrage. De plus, il a remarqué un meilleur état de santé général de ses chevaux, ainsi qu’une réduction des cas de fourbure.

Un autre cas, celui d’un éleveur breton, illustre l’efficacité d’une rotation simple entre deux parcelles, complétée par un fauchage régulier. Il a réussi à maîtriser efficacement les plantes indésirables tout en assurant une bonne qualité de son herbe. De surcroît, il a constaté une réduction de l’érosion et un accroissement de la biodiversité.

Avantages du Pâturage Tournant Amélioration Constatée Bénéfice Estimé
Diminution des parasites Moins de traitements nécessaires Économie de 30% sur les soins
Production accrue de fourrage Plus de biomasse par hectare Augmentation de 15% de la quantité de fourrage
Amélioration de la santé du sol Réduction du tassement et de l’érosion Baisse de 20% des frais d’entretien
Paramètre Avant Mise en Place du Pâturage Tournant Après Mise en Place du Pâturage Tournant
Couverture végétale (%) 65 90
Nombre d’espèces végétales 5 12
Taux de tassement du sol Élevé Faible

Pour une exploitation durable de vos pâturages

L’aménagement de prés pour chevaux en rotation saisonnière dépasse le simple cadre d’une technique de gestion. Il s’agit d’une véritable philosophie, d’une approche globale qui considère la pâture comme un écosystème vivant et complexe. Cette méthode présente des bénéfices multiples, à la fois pour les chevaux, les prairies et l’environnement. Adopter cette pratique permet aux éleveurs d’améliorer la santé et le bien-être de leurs animaux, de participer à la sauvegarde des ressources naturelles et de construire un avenir plus durable pour leurs exploitations.

Mettre en œuvre un système de rotation demande une adaptation constante et un apprentissage continu. En testant différentes méthodes, en observant les résultats et en partageant leurs expériences, les éleveurs contribuent à améliorer les pratiques agricoles et à promouvoir une agriculture durable.